mardi 8 juin 2010

Patagones, de nuevo !

Une fois de plus, cette fois-ci à bord de la nouvelle camionnette du groupe (un Toyota Hilux 2001 4X4, une merveille comparer à la vieille Chevrolet Luv), je me rends dans le partido de Patagones pour y réaliser des entrevues avec les éleveurs-agriculteurs. L'idée de cette campagne est d'aller plus au sud, là où nous n'étions pas allé au mois de mars passé et ainsi couvrir une zone d'étude plus grande, voire la presque totalité du département de Patagones. Cette fois-ci le vent patagonien se fait ressentir en cet automne d'une incroyable humidité !

Vendredi soir, nous cherchons un endroit où camper...Toudoum, Toudoum..! (Bruit de débalancement de conduite.. :P) Paula qui conduisait s'arrête. J'ouvre ma portière et regarde à l'arrière..un nuage de fumée s'échappe du pneu arrière droit..ceci n'est pas une crevaison, mais une réelle explosion du pneu. Je suis en compagnie de Paula (étudiante terminant le bacc sous peu), Marina (biologiste de Cordoba..un ville plus au nord-ouest) et Estela (plus besoin de présentation je crois...ma superviseure!)...alors seul homme à bord, je change le pneu...mais le pneu de secours est d'une condition affreuse...une usure que j'évalue à 80%...plus aucunes coches..un pneu presque parfaitement lisse. Une fois changé..nous mettons cap sur Carmen de Patagones, une ville au sud du département...on oublie la tente...une nuit à l'hotel, souper au restaurant...le luxe total pour une campagne de terrain de biologie !!

Le luxe est le très bienvenue de ma part, puisque croyez le ou non, mais j'ai réussi à oublier d'apporter mon sac de couchage...camping automnale sans sac de couchage...essayez-le vous m'en redonnerez des nouvelles !! Alors au matin, nous nous rendons à une "gomeria", pour acheter une nouvelle "goma"..un nouveau pneu vous avez compris! Je n'en reviens pas...1000 pesos pour un pneu neuf...nous en achetons un a 250 pesos...ridicule..bon, mais plus de 50-60% d'usure...imaginez..il y avait des pneus plus usés à 150 pesos...allez visité le dépotoir de pneu de mon patelin et je suis sûr et certain que vous allez trouver des pneus d'une qualité nettement meilleur.

Conseil du jour : Gardez toujours une chandelle et allumette dans votre coffre à gant !!
Ainsi la roue changée, nous entrons dans un des chemins de terre et quittons la route nacionale 3. Entrevues et entrevues... une journée bien productive. Puis la nuit venue, hors de question que je dorme dans la tente...je m'installe dans la camionnette et passe une nuit des plus humides malgrés mes 6 couches de chandails et manteau. Par chance le truc de la chandelle a aidé beaucoup à couper une partie de cette humidité (allumer une chandelle dans la cabine d'une voiture garde au chaud!).

Dimanche et lundi suivent pour les entrevues... nous revenons lundi en soirée à Bahia !

J'ai hâte d'analyser mes données des 52 entrevues au total des 2 campagnes afin de voir ce qui influence réellement la présence ou non de conflits...mais certes la conclusion global est que les conflits humains-carnivores consistent en un problème multifactoriel..où tous doivent intervenir !

Je ne compte plus les barrières cadenasées, les fermes abandonnées...je ressent encore la désertification, mais cette fois pas seulement environnementale et climatique, mais bien socio-économique...plusieurs parlent encore des problèmes de la vie agricole et de ce gouvernement, le pire de l'histoire du pays...un désastre en matière de politiques rurales et agricoles...pire que les gouvernements militaires qui eux avaient compris l'importance de la production primaire...Nous terminons le tout par l'une des plus tristes entrevues...où nous sommes partis mal à l'aise, où l'homme de 50 ans avait les larmes aux yeux...

"Je peux assumer un pourcentage de perte assez élevé quand j'élève 800 agneaux et autant de veaux...mais quand il ne me reste que 80 agneaux et 200 veaux...je ne peux pas me permettre d'en perdre la moitié...J'aime la faune et je la respecte, mais je n'ai guère le choix de la tuer s'ils attaquent le bétail. Après 5 années de sécheresse jamais vue en 50 ans, pire que la de 1971...avec le prix de la viande et la laine à la baisse..comment voulez-vous que j'arrive à faire des profits si je vends une vache à 300 pesos (80 $CAN) au lieu de 3000 pesos ? Et ce gouvernement de Cristina...le pire jamais vu de l'histoire argentine...aucune conscience de l'importance de la production agricole pour l'économie du pays. On a besoin d'un gouvernement qui ne pense pas à lui-même et à son propre bénéfice, mais un gouvernement qui pense pour le pays, qui pense pour le peuple. Et en plus, je suis seul ici, j'ai des enfants et ma femme dans le village mais ils ne peuvent pas venir vivre ici avec moi...Vous savez, mon père menait une entreprise rentable et on vivait bien toute la famille avec à peine 500-600 hectares...aujourd'hui j'en possède 4000 et je n'arrive pas à avoir une entreprise rentable...J'avais 3 employés stables à l'année, maintenant je dois faire tout seul, car je n'ai pas l'argent pour engager...!!...??..."
Quelle tristesse, quelle détresse ressentie....et dire que sa ferme portait le nom de "Pura Vida"...

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